Dramas, Dramas japonais

Limit : une vague d’angoisse

Quand les classiques vous rattrapent…

10 ans plus tôt, j’allais visionner sans le savoir un drama qui me marquerait jusqu’à aujourd’hui.

Bien que je sois désormais habituée à ce genre d’histoire, c’est un souvenir spécial puisque la seule amie avec qui je pouvais partager cette passion, a changé de région pour aller au lycée.

Mes souvenirs sont flous sur la période exacte de visionnage mais malgré la distance, on avait pu échanger dessus et c’était génial.

Je me demande ce qu’elle en penserait maintenant…

C’est pour ça que j’ai décidé de le revoir complètement (et pas juste des petits passages 😌) pour savoir comment mon cerveau adulte allait le juger dix ans après (le premier épisode a été diffusé le 12 juillet 2013) 💚.

Adaptation du shojo du même nom (6 tomes), il a été dessiné et écrit par Suenobu Keiko (Vitamin, Life…). Ce titre n’est pas disponible en France (cela semble plutôt compromis selon une mutu, malgré le fait que les droits aient été obtenus chez nous…) mais on peut le retrouver traduit en anglais.

Diffusé du 12 juillet au 27 septembre 2013 lors du programme Drama 24, ce thriller psychologique japonais est constitué de 12 épisodes et doté d’un format de 29 minutes. 

Pour transposer l’histoire de ce manga à la télévision, on a quatre scénaristes : Shimizu Yukako, Yamaoka Junpei, Senju Minori et Tanioka Yuki. Derrière la caméra, Tsukahara Ayuko, Kato Naoki et Takano Eiji

Résumé de nautiljon

Konno Mizuki part en voyage scolaire avec sa classe de lycée. Mais le chauffeur du bus s’endort au volant et le véhicule plonge au bas d’une falaise.

En comptant Mizuki, il n’y a que cinq survivants. Haru, une amie de Mizuki, Chikage, timide et effacée, Chieko, la tête sur les épaules et un fort sens de la justice et Arisa, victime d’ijime de la part du reste de la classe.

Les cinq filles se retrouvent perdues au cœur d’une forêt sans moyen de communication et avec des ressources très limitées.

[Bande Annonce Episode 1]

On pourrait jouer au Pouilleux alors ?

Mizuki (episode 1)

Les dernières cartes du pouilleux

Le bus de la classe 2-4 comptant 30 élèves et deux professeurs, vient de basculer dans le vide. Seuls 5 d’entre eux ont survécu à cette catastrophe. 

L’esclave < Konno Mizuki (Sakuraba Nanami) : Lycéenne insouciante et joyeuse, Mizuki profite de la vie et des avantages que son statut d’élève populaire à l’école lui apporte. Elle suit le courant pour survivre afin de ne pas reproduire les erreurs du passé.

La servante < Ichinose Haru (Kudo Ayano) : Une des amies du cercle de Mizuki, elle est bonne élève et tout semble lui sourire. Pourtant, Haru peine à se faire entendre et cette issue pourrait bien être le moment pour s’affirmer…

La roturière < Usui Chikage (Masuda Yuka) : Contrairement à Mizuki et Haru, Chikage existe au lycée en silence, de peur d’être ciblée par la bande de ces deux dernières, menée par l’impitoyable Sakura. 

La reine < Kamiya Chieko (Tsuchiya Tao) : Élève studieuse et solitaire, elle ne comprend pas le concept d’amitié. Cependant, Chieko est prête à tout pour ses deux petites sœurs et son petit frère. 

L’impératrice < Morishige Arisa (Yamashita Rio) : Harcelée par sa classe, elle se réfugie dans le dessin et la création de mangas. C’est elle qui a “scellé” le sort de sa classe, forcée par Sakura et sa bande.

Le but du pouilleux, c’est de ne surtout pas être le dernier à tenir entre ses mains la carte du valet de pique. Une carte faible qui fait du joueur malchanceux le perdant. Pour éviter cela, il faut se débarrasser de toutes ses cartes et que son voisin pioche à sa place.

Vous l’aurez peut être remarqué avec leurs statuts et la description de leur personnage, mais leur rang dans la société a brutalement été inversé. Celle qui a tiré la carte de l’esclave est condamnée à ne pas bénéficier de nourriture et d’eau, ce qui va réduire ses chances de survie et de rentrer chez elle (le but de toutes ou presque…). 

Tout comme le jeu, Morishige tient à tout prix à garder ce nouveau statut en semant la zizanie et poussant les membres dans la violence et la paranoïa.

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Mais ce qui est tout autant intéressant dans ce survival, entre les foreshadowing sarcastiques et la pression insoutenable, c’est la façon dont on met en valeur ces cinq lycéennes et leurs sentiments.

Give yourself prudence and love your friends
Subway kid, rejoice your truth
In the religion of the insecure
I must be myself, respect my youth

Lady Gaga (Born this way)

En 2013, j’avais 15 ans et je fantasmais sur la vie au lycée peu importe le pays. Mais un drama avec cinq filles de mon âge, qui soit aussi prenant et différent des séries de l’époque, une représentation féminine inédite pour moi… (radical par rapport à Skins).

Même au niveau des objets, je me rappelle de mon ipod nano violet tout brillant et de Lady Gaga (la démarche de mannequin de Konno sur Born this way était iconique 🤧).

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Dans Limit, ces cinq lycéennes sont des personnages gris n’ayant aucun lien d’amitié et souhaitent juste rentrer chez elles, sans l’intention de s’allier pour se sortir de là.

Totalement insouciantes et pas du tout préparées à ce type d’éventualité, elles n’ont pas le temps de se remettre du traumatisme (le bus avec les cadavres, c’était quelque chose…) qu’elles plongent lentement mais sûrement dans un cycle vicieux.

Toutes les rancœurs refont surface et sont exposées au grand jour : la mort a failli venir les attraper plus d’une fois. 

A travers toutes ces violences (et souffrances), on nous présente leur passé et ce qui se passe vraiment dans leur fameux cocon familial. Tout comme les événements (sanglants) qui se sont déroulés dans cette forêt, les personnages sont extrêmes. 

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Morishige, harcelée par une bonne partie de la classe, est battue par son père et haïe par sa mère, souffre de n’avoir sa place nulle part. Cet accident est une aubaine pour elle : elle n’aura plus à supporter toutes ces violences. Elle va donc faire respecter la nouvelle hiérarchie sans aucune pitié et sera bourreau à son tour.

Mais les bourreaux devenus victimes vont renverser son autorité et Morishige sera rattrapée par ses traumatismes liés aux violences parentales.

J’ai eu beaucoup de mal à l’apprécier (une scène avec Chieko, je n’ai pas pu, c’était horrible…) mais je ne la hais pas. Je ne l’excuse pas, comme aucun d’entre eux, mais toute cette souffrance qu’elle a porté seule, ça m’a touchée. Et au final, elle n’est pas si lâche que ça 💗. 

Usui est très timide, anxieuse et également harcelée, son unique amie subit aussi ce même traitement. Elle a toujours l’impression d’être un fardeau pour les autres et de ne rien pouvoir accomplir par elle-même. Contrairement à Morishige, elle semble être aimée par sa mère, qui fait tout à sa place. Soit la mère la surprotège. 

Mais je trouve cette dernière en réalité violente : elle est plus dans le contrôle et humilie Usui. Comment avoir une bonne estime de soi même quand votre mère vous casse en permanence? 

Et malheureusement, les mots peuvent être très puissants… 

Les scènes où elle hallucinait (oui manger des petits gâteaux et ne quasiment pas boire n’a pas joué en sa faveur) étaient douloureuses parce que c’est un personnage qui s’est accroché plus que les autres et n’a pas mérité ce cycle de vengeance.

Kamiya, probablement le personnage qui a le plus mûri et évolué : elle avait une bonne connaissance des réflexes de survie à adopter (vraiment sans elle, tout le monde mourrait et elles n’auraient jamais été retrouvées 💀). Mais en termes d’amitié, zéro idée de ce que ça pouvait signifier. Elle était même assez méprisante et se fichait pas mal de ce qui pouvait arriver aux autres.

Pourtant, c’est Kamiya qui va venir au secours de Konno et de Usui, elle avait toujours une pensée pour elles même si elle prétendait le contraire avec son attitude.

C’est dû au fait qu’elle a perdu ses parents dans un accident de voiture et que ce soit à elle d’assumer l’éducation de ses sœurs et de son frère. Avec autant de responsabilités à la maison, comment trouver du temps pour des amies? 

J’ai adoré son amitié naissante avec Konno mais très déçue que sa relation avec un autre personnage n’ait pas été développée.

Haru, une lycéenne avec une vie de rêve mais qui en réalité souffre beaucoup. Elle est terriblement jalouse de Konno (cette dernière lui aurait piqué Sakura la peste) et se sent très seule. Comparé à Kamiya, elle ne peut se défaire de l’importance qu’elle donne au regard des autres.

Les mots de Sakura et cette anxiété qui la ronge ont déclenché des troubles alimentaires chez elle. Sans parler du fait que ses notes ont baissé, Haru a l’impression de crier dans le vide et que personne ne l’entend… 

Alors quand les cartes vont être redistribuées, sa rage va exploser. 

C’est certainement un des moments les plus saisissants et marquants de la série, tous les personnages sont complexes et cela permet d’explorer les limites de leurs comportements.

Konno semble également être au top : au sommet de cette micro société que représente l’école, ses soucis ont l’air ordinaires.

Mais elle a elle aussi été harcelée au collège et s’est promis d’être capable d’analyser la situation en toutes circonstances et de ne pas terminer isolée.

Si elle avait été mieux écrite, je trouve qu’on aurait moins eu ce symbole d’héroïne à toujours avoir le beau rôle et sauver la situation.

Je l’ai trouvé totalement crédible dans sa souffrance et sa volonté de venir en aide à tout le monde. Ses réactions sont également très réalistes par rapport aux horreurs qu’elles ont vécues. Mais parfois, on dirait que Konno avait perdu la mémoire… quand elle parlait avec Morishige, c’était tellement frustrant! 

Et les limites dans tout ça ? 

Qui a dit que tu devais être une bonne nageuse ?
Qui ça dérange ? Que tu doives t’arrêter en plein milieu d’une longueur… ou que t’es pas l’air cool à te débattre dans l’eau.  
C’est pas grave tant que tu te bats pour arriver de l’autre côté.

? (Episode 11)

Les limites du corps et de l’esprit : le fait de rester plusieurs jours dans un environnement hostile en pouvant se nourrir seulement de bonbons et de gâteaux, accompagné de peu d’eau, marcher des heures et hurler, a mis leurs corps à rude épreuve. Ceux qui étaient blessés ont encore plus souffert et ne pouvaient pas mobiliser toutes leurs capacités. 

Bien qu’étant jeunes, leur corps n’était pas fait pour résister autant de temps, ce contexte anormal a été un véritable enfer. 

De même pour leur santé mentale, comprendre petit à petit que les secours n’arriveront pas de sitôt, se soupçonner les uns et les autres, voir des camarades agoniser et accepter que la vie a ses limites est traumatisant. 

Cette expérience cruelle les a complètement changés, ils ne seront plus la même personne qu’ils étaient avant l’accident. Ils ont franchi des limites interdites comme tuer leur prochain et jouer avec celles des autres, en les poussant à bout.

Mais ils ont aussi appris à être plus forts et courageux, à s’entraider, à connaître les autres et à prendre en compte leurs sentiments.

En repoussant leurs propres limites, cela leur a permis d’en apprendre plus sur eux-mêmes et d’appréhender des situations dangereuses.

Les limites des adultes et de la société : L’école ne peut pas les protéger de tous les dangers, comment serait-ce possible quand la majorité des concernés ne prend pas à cœur le futur des élèves et ignore le harcèlement ? Il ne les prépare pas non plus au monde après le lycée, alors je les voyais mal être responsables.

Leur incompétence et leur légèreté me mettent toujours autant en colère : c’était délicieux de voir certains adultes paniquer et se rendre compte de la gravité de la situation mais énervant quand d’autres essayaient de tout enterrer. 

Les hommes créent plein de problèmes et ne les assument pas, s’énervent et perdent du temps en refusant de communiquer.

Tout ce cirque pendant que les femmes gardent la tête froide et les affrontent.

Grâce à certaines d’entre elles (même si les limites de la morale ont été franchies à plusieurs reprises…) dont Chieko et Professeur Yuriko, on a pu gagner un temps précieux. 

Même si la plupart d’entre eux ont été punis, seuls les petits poissons se verront enfermés. Les plus gros vont continuer à opérer dans l’ombre et trouveront des remplaçants faciles à manipuler.

Combattre le système a également bien des limites, quand on est en bas de l’échelle, on peut crier autant que l’on veut mais personne ne nous entendra.

Suivre le courant sans se poser de questions peut fonctionner pendant un moment mais si on abandonne ses principes, ça n’en vaut pas la peine.

Plusieurs chemins s’offrent à nous et il est toujours possible de changer malgré les difficultés et la possibilité d’étouffer.

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SPOILER POUR LA FIN

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Je suis étonnée moi même mais j’ai beaucoup apprécié ? (un survivant surprise), encore plus qu’il y a dix ans… L’écriture était fantastique et il avait de très belles lignes. 

J’étais déçue que Sakura meure (elle m’a fait penser à Manami de Life mais j’en parlerai dans ma prochaine conférence) mais si ça n’avait pas été le cas, Morishige n’aurait pu prendre le pouvoir.

Autre déception : la fin. Elles ont vécu des événements traumatisants et on ne voit pas leur retour dans leur famille, à l’école… Je trouve limite scandaleux parce que sans vouloir paraître dramatique, l’une se fait battre par son père, une autre va devoir s’occuper de tout à nouveau chez elle, pour la troisième ses parents ne sont pas mentionnés et seule Konno s’en sort à peu près bien… mais ça reste peu rassurant.

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SPOILER POUR LA FIN


Si vous avez envie de voir un survival réaliste et « ancien » avec de bons acteurs que vous connaissez peut être déjà,

une réalisation de qualité et des ost qui font frissonner, alors peut être que Limit sera fait pour vous!

opening

générique de fin

En espérant que vous l’ajouterez sur votre (longue) liste,

A bientôt pour d’autres critiques!


Sources :

https://www.nautiljon.com/dramas/limit.html

https://www.nautiljon.com/mangas/limit.html

https://www.manga-news.com/index.php/actus/2013/05/15/Un-drama-pour-Limit

https://www.tv-tokyo.co.jp/limit/

https://www.tv-tokyo.co.jp/limit/cast/

https://natalie.mu/comic/news/90499

https://news.mynavi.jp/article/20130712-a073/

5 réflexions au sujet de “Limit : une vague d’angoisse”

  1. Oh là là, la nostalgie ! Ca nous rajeunit pas tout ça. Je me souviens avoir regardé ce drama pendant sa diffusion à l’époque. Je ne me souviens pas bien de la série cela dit… Je sais que j’avais été un peu déçue par la fin et avais trouvé le drama trop rapide (notamment au démarrage) pour que je m’immerge *pleinement* dedans mais c’est tout.

    Ton enthousiasme et toutes les choses intéressantes que tu as à dire dessus me donnent envie de lui re donner sa chance ! Parce que je me dis que si ça se trouve, à l’époque ma déception naissait d’une comparaison injuste avec d’autres survivals ? Peut-être ? Je sais pas. En tout cas tu donnes envie ! Et donc j’attends ta conférence sur LIFE 😛

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    1. Oui un bon retour en arrière 😭 Je comprends ta déception, on basculé très vite dans la catastrophe comme le bus et la fin, on dirait qu’on a mis la pression aux réalisateurs/scénaristes xD

      Le rythme m’a agacé vers le 7-8 (plus sûre exactement) parce que c’était assez lent mais je te conseille de réessayer surtout si tu t’en rappelles peu 💌
      C’est possible! Tu en as regardé plus que moi, je pense que c’était mon premier d’ailleurs 🙂
      Il faut que je le revisionne mais tu seras la première au courant 😌

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  2. Je te dirai si je le revois ♥ Et j’attends la bonne nouvelle alors ! Je me souviens aussi assez mal de LIFE, à quelques scènes près (et bien sûr la chanson de Mika Nakasahima). Je ne doute pas que tu sauras me donner envie de le revoir ! (malgré la peur, parce que je me souviens nettement qu’il est violent pour le coeur et les nerfs, par contre)

    Aimé par 1 personne

    1. Entendu 💜 Ce ne sera pas maintenant, l’été est trop chargé mais il reste dans ma tête héhé
      Tant mieux parce que niveau traumatismes et violences, c’est un cran au dessus de Life 😤 (les nerfs à vifs!)
      Cette chanson 💜
      Tu me surestimes mais je ferai de mon mieux!

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