Miss King est diffusé en simultané le lundi sur Netflix (pas en France, votre profil doit être en anglais) et Abema (Japon); et raconte l’histoire de Kunimi Asuka, interprétée par Non, dont la vie a été volée par son père, un génie du shogi.
Pour seul moteur, la haine. Qui va la pousser à dévoiler ses talents qu’elle croyait évanouis dans l’obscurité, utiliser sa détermination pour changer ce monde pourri et reprendre ce qui lui a été arraché de plus précieux.
Une histoire qui rend le lundi plus sombre, plus désespéré et plus fou encore.
Un premier épisode qui n’y va pas de main morte.

Des toilettes publiques enterrées par la ville depuis certainement un bon bout de temps, où quelques âmes en peine comme Asuka échouent, à la lumière vacillante des néons éclairant le grand miroir et exposant toute cette laideur. La crasse qui y a élu domicile, le sang coulant autant que les larmes, les sanglots bruyants qui résonnent à travers cette planque immonde, empestant le désespoir et la douleur.
On plonge avec Asuka dans un monde brutal, sale, peuplé d’ombres sans visages qui, de toute évidence, se moque bien de son existence et n’en voit pas l’utilité. Juste un petit poisson parmi tant d’autres qui mourra dans l’oubli et la nuit.

Elle erre tel un fantôme, les cheveux décoiffés et cachant son propre visage, avec une expression que quoi qu’il arrive, elle n’a rien à perdre. Puisque Asuka n’a désormais plus aucune attache. Est ce qu’elle est morte ? Ou bien vivante dans un enfer perpétuel ?
Contraste entre obscurité/lumière et mort/vie
Ce qui est frappant avec Abema, c’est que chaque visage, chaque trait, chaque couleur, chaque décor est montré à l’écran avec soin. Peu importe ce que nous voyons, autant la peau qu’une pièce, la qualité est digne d’un film. Rien n’est honteux, du vrai rien que du vrai, montré à la lumière.
En revanche, ce qui est inhabituel, c’est que l’on baigne ici dans une atmosphère froide et hostile, le bruit des pièces de shogi frappées de façon impitoyable. Dans l’ombre du futur roi.

Seul lui peut se tenir dans ce lieu plongé dans le noir, éclairé seulement par la lumière blanche de l’extérieur, véhiculé par les grandes fenêtres. Seul lui peut rayonner. Seul lui peut exister entre ombre et lumière. Le shogi, c’est sa flamme dans l’obscurité, rien d’autre ne compte à ses yeux. Les autres sont donc condamnés à vivre dans son ombre éternellement.
La flamme vacille
Ayant été nommée après l’une des pièces de ce jeu, une des pièces les plus puissantes pouvant se mouvoir en toute liberté sur le tableau, le shogi est aussi devenu un espoir pour Asuka en voyant son père jouer. Tant que le père gagnait, tout allait bien.
Ce qui a mené à la flamme de la mère de Asuka, l’unique scène qui déborde de joie et de chaleur (même les murs en coulisses de la compétition sont mornes), c’est une journée dans un family restaurant. Sourires éclatants, rires et le futur roi a acheté un jeu de shogi pour Asuka.

Mais l’obscurité tire de nouveau ses rideaux : défaite sur défaite, il s’y réfugie, consumé par sa passion et son orgueil. Il devient de plus en plus violent notamment vers Asuka.


Le shogi devient source de cauchemars, de terreur et de hantise (surtout pour la mère déjà très effacée – comme si elle était sur le point de disparaître), Asuka rend son jeu à l’obscurité (elle le tue) malgré son talent indéniable. Toute son existence, elle va s’y glisser que ce soit au travail ou au quotidien, son existence est imperceptible. Rendant encore plus mince la frontière entre la vie et la mort.

et les déchets s’accumulent dans le froid.
Le drama semble également obsédé par l’idée de la saleté et de la propreté pour partager les moments de vie des personnages. D’abord, nous avons eu les toilettes publiques, dernier lieu où elle ira avant de répandre le sang. Ensuite, la poubelle où Asuka jette son jeu de shogi. Puis cet extrait où un homme est dans les ordures et c’est comme si elle le sauvait de cet état, pour mieux remonter à la surface. Son métier de femme de ménage, toujours à nettoyer après les autres, pas seulement leurs traces mais leurs actes.
Mais la scène qui m’a le plus marqué, c’est quand le roi a décidé de se débarrasser de sa première famille en ne la mentionnant jamais et en s’en créant une autre, plus conventionnelle à ses yeux. Totalement effacés comme si Asuka et sa mère n’avaient jamais existées. Une nouvelle famille qui semble terriblement fausse et instable, plongeant leur pièce à vivre dans le blizzard. Ils n’essaient même pas de faire semblant, tout n’est que business, aucune humanité ne transparaît de ces trois êtres.

Même lors d’une tentative pour revoir son père, Asuka est considéré comme un vulgaire insecte et se fait écraser, totalement humiliée pour le plus grand plaisir de la reine de glace.

Et s’ensuit un drame, qui éteint définitivement toute lumière en Asuka. Elle embrasse pleinement l’obscurité.
Petite ombre en rencontre une autre
Une autre ombre va bouleverser ses plans et la metttre en garde contre ce qu’elle projette de faire. Il parvient à la dissuader même si lui aussi abhorre la présence de ce mauvais roi. S’étant fait remarquer autant pour ne pas être capable d’utiliser un couteau pour tuer, que pour potentiellement surpasser le niveau du roi…

Est ce que Asuka va devenir le nouveau souffle du shogi et récupérer sa vie ?
A bientôt, j’ai hâte d’en apprendre plus sur cet univers fascinant qu’est le shogi et ce duo inattendu !
