Dramas, Dramas coréens

Alice ou une histoire partie à la dérive à travers l’Espace- temps

Ecrire sur un drama aussi grotesque et incohérent est un exercice auquel je ne m’attendais pas du tout, on peut dire que 2020 aura été une année (très) spéciale.

C’est la première fois dont je vais parler d’un drama regardé dès le début de sa diffusion et pour qui j’ai ressenti, un certain agacement teinté de dégout.

Ce visionnage a été éprouvant pour mes nerfs et mon cerveau, à tel point que je pense avoir développé un niveau supplémentaire de patience et un self control à toute épreuve.

J’attendais beaucoup de ce drama, certainement trop. Je pensais même que Missing serait ennuyant par rapport à lui et que ce serait un énième coup de cœur pour 2020.

Bande de petits naïfs 😎

Effectuons un retour en arrière si vous le voulez bien: l’acteur coréen Joo Won a complété son service militaire le 5 février 2019 et accepté officiellement ce nouveau rôle en novembre. J’étais curieuse de voir ce que donnerait son retour dramatiquement parlant (c’est le cas de le dire TT), suite à cette annonce. Mais cette information a été rapidement effacée par mon cerveau puisque le drama a finalement fait son apparition pour la rentrée. En me renseignant, j’ai pu voir que le premier teaser était sorti début janvier et que la première lecture du script avait eu lieu fin juillet.

Ce qui a ravivé mon attention, c’est une des vidéos promotionnelles partagée par une mutu : on y découvre le personnage de Kim Hee Sun, badass, se battant contre un homme avec Kwak Shi Yang à ses côtés et des paysages irréels… Il n’en fallait pas plus pour que je l’ajoute à ma liste de visionnages !

Ensuite le titre, Alice, m’a plu immédiatement. Qui dit Alice, dit potentiellement un lien avec le roman issu du même nom ! J’avais quand même quelques réserves car les références aux merveilles dans Dramaland ne sont pas toujours excellentes haha (vous sentez la souffrance dans ce rire forcé ?).

Finalement, l’aspect science fiction a attiré mon attention et j’ai trouvé que ce serait parfait avec le monde des merveilles, un duo de choc ! De plus, ce n’était pas la première fois que cet aspect serait le thème d’un drama.

Mais si vous avez vu le titre et mes plaintes sur twitter, vous aurez deviné que tout ne s’est pas passé comme prévu…

Plusieurs définitions et théories/spoilers vous accompagneront tout au long de cette critique : je ne suis plus très calée en science fiction alors j’ai fait de mon mieux (je l’espère sincèrement) pour ne pas tenir de propos erronés. N’hésitez surtout pas à me reprendre si c’est le cas, je corrigerai ces derniers le plus vite possibles. Comme c’est un avis qui va se révéler être assez négatif, je vais présenter différemment cette critique pour que ce soit le plus clair possible et mettre en avant quelques points positifs.

Alice quésaco?

En 2050, grâce à la construction et la mise en place de l’hôtel Alice, les humains sont enfin en mesure de voyager dans le temps. Cependant, son existence pourrait être remise en question à cause d’un certain livre de la prophétie. Ce dernier serait la clé pour mettre fin au voyage dans le temps. Pour empêcher cette éventualité, un couple travaillant au service d’Alice (Yoon Tae Yi et Yoo Min Hyuk), va se rendre en 1992 pour récupérer ce fameux livre.

Mais tout ne va pas se passer comme prévu et ils seront séparés: lui retournera dans le futur, elle restera dans le passé pour mettre au monde leur enfant. 

Dans le présent, un inspecteur du nom de Park Jin Gyeom est dénué d’émotions et a perdu sa mère quelques années auparavant. En enquêtant sur une affaire, il va se rendre compte que le voyage dans le temps est réel. A travers ses recherches, Park Jin Gyeom rencontrera Yoon Tae Yi, une physicienne de génie ressemblant comme deux gouttes d’eau à sa mère. 

A eux deux, ils vont tenter de résoudre le mystère lié au meurtre de cette dernière et d’en savoir davantage sur cette organisation. 

Alice et sa galerie de personnages

Je n’ai quasiment rien ressenti pour cette ribambelle de personnages et le jeu des acteurs/actrices n’a pas arrangé les choses. Cependant, il était difficile de se surpasser au vu de l’écriture risible de ces derniers et de leur élimination prématurée. 

Kim Hee Sun (Yoon Tae Yi de 2050 – Park Sun Young 1992 – Yoon Tae Yi de 2020): 

Yoon Tae Yi (2050), celle venant du futur et travaillant au service de l’organisation Alice, est un personnage qui m’a plu d’emblée. Elle est l’égale de son compagnon, sait se battre (j’avais des étoiles dans les yeux) et semble être brillante. 

En décidant de rester dans le passé en tant que Park Sun Young (1992), elle met au monde Jin Gyeom atteint d’alexithymie. 

Son évolution de combattante badass à mère au foyer m’a contrarié: ce n’est absolument pas honteux bien au contraire mais ce changement a été écrit d’une façon misogyne et détestable. En dépit de ce traitement, j’ai eu pour elle beaucoup de compassion, Park Sun Young est mère célibataire et fait tout ce qui est en son pouvoir pour prendre soin de son fils. Elle n’essaie pas de le changer mais de le comprendre, elle est empathique. 

Nous arrivons donc à sa troisième et dernière facette: Yoon Tae Yi (2020) professeur de physiques avec qui j’ai eu une relation amour-haine. Au premier abord, elle est insupportable: dotée d’un fort caractère, elle est très intelligente mais méprisante envers ceux/celles qu’elle estime stupides sans parler de son égo imposant. Elle ne s’inquiète pas et ne se préoccupe pas de ce qui peut arriver aux autres. Mais par la suite, on va voir qu’elle finit par aider les plus faibles et ne supporte pas l’injustice. C’est une physicienne très intelligente et qui va le prouver jusqu’à l’épisode 8 environ. Après ce cap, elle devient de nouveau énervante, présentée comme une demoiselle en détresse et s’attachant encore plus au héros (même visage que la mère de Jin Gyeom, c’est répugnant cette odeur de quasi inceste). La science est vite balayée, c’est comme si elle avait oublié son propre métier. 

J’ai été peu emballée par les trois changements de personnages ni par son jeu d’actrice surtout pour le rôle de Tae Yi (2020). Elle est passée d’une scientifique brillante à une femme comptant toujours sur les hommes pour la sauver.

Joo Won (Park Jin Gyeom): Palme du personnage le plus ennuyeux et têtu de cette année! 

C’est un policier excellent dans sa fonction qui n’a qu’un seul but: retrouver le meurtrier de sa mère. Jusque là, tout va bien. Mais ce personnage, que dis je, cette tête brûlée a tendance à foncer dans le tas sans réfléchir. Il n’apprend jamais de ces erreurs et met les autres en danger. Il est atteint d’alexithymie (L’alexithymie est une difficulté à identifier, différencier et exprimer ses émotions, ou parfois celles d’autrui. Ce trait de personnalité est communément observé parmi les patients présentant des troubles du spectre autistique et des symptômes psychosomatiques) et le fait de recourir à l’action plutôt que de se confronter à ses sentiments est logique. J’ai apprécié qu’il s’inquiète pour sa famille adoptive, Do Yeon et une certaine petite fille. 

En revanche, pleurer devant l’héroïne à chaque fois qu’il la voit (son visage le ramène à celui de sa mère décédée), ça ne colle pas et c’est glauque. 

La cause ici de cette maladie est dûe au fait que sa mère, en étant enceinte de lui, est passée plusieurs fois à travers un tunnel entre les deux mondes et hautement chargé en radiation. Autre problème avec l’alexithymie, c’est que c’est une excuse participant à l’hyper virilisation de Jin Gyeom: il est toujours montré comment étant quelqu’un de fort physiquement comme pour combler ce manque d’émotions. 

Assez déçue par son retour à Dramaland autant pour son personnage que son interprétation.

Lee Da In (Kim Do Yeon): Do Yeon est une journaliste douée, dynamique mais très agaçante. Elle infantilise Jin Gyeom mais c’est sa manière de montrer au héros son affection (traduction: elle est raide dingue de lui). Elle prend des décisions à sa place et se mêle de la relation qu’il a avec Prof Tae Yi (rien d’amoureux au début). Do Yeon comme le professeur Tae Yi a tendance à trouver le héros ‘’peu masculin’’ et à le bousculer sans réfléchir aux conséquences. 

J’ai eu un regain d’intérêt pour ce personnage vers la fin parce que la rivalité avec le professeur Tae Yi est atténuée et Do Yeon est beaucoup plus perspicace que cette dernière sur le livre de la prophétie. 

Je ne l’ai vu que dans deux dramas et malgré le fait que son personnage ne m’ait pas emballé, c’est la seule qui m’ait fait pleurer lors d’une scène dramatique. J’aimerai la revoir par la suite, son jeu m’a bien plu et elle mérite de meilleures opportunités.

Kwak Shi Yang (Yoo Min Hyuk): Mon personnage préféré (du moins dans ceux ayant échappé au bain de sang), vraiment je pourrai donner ma vie pour lui 😂

Un rayon de soleil dans ce méli mélo obscure même si au premier abord, ce n’est pas le protagoniste le plus attachant de la série, je vous l’accorde. 

C’est le compagnon de Yoon Tae Yi (2050), le père de Jin Gyeom et suite à la décision de son amante, il reviendra dans le futur pour Alice. Têtu comme son fils, il fait peu confiance aux autres et agit le plus souvent seul. Pourtant, il semble bien s’entendre avec le boss d’Alice et Oh Shi Young, les autres agents respectent et obéissent aux décisions qu’il prend. 

Comme Tae Yi (2050), il est courageux et brillant, sait se battre et met tout en œuvre pour protéger Alice. J’ai eu de la peine pour lui à plusieurs reprises dans le drama: se prendre autant de coups par son propre fils et trahi par ses proches au sein de la création pour laquelle il a des grands idéaux, c’était une issue qui ne pouvait qu’être tragique. 

Kwak Shi Yang m’avait beaucoup manqué, la dernière fois que je l’ai vu, c’était dans le film The Witness (remarquable comme sa performance!). Je suis son évolution depuis Night Flight et cet acteur ne cesse de m’impressionner, j’ai hâte de visionner ses prochains projets!

La réalisation, vide de sens et peu crédible  

C’est un élément parmi d’autres qui a plombé la série, si l’argent est passé dans les cascades et les effets spéciaux, c’est raté.

Quand on découvre la base secrète d’Alice, j’avais hâte qu’on découvre ce monde futuriste : l’esthétique était plaisante et des liens avec le conte se dessinaient déjà. Les décors de l’hôtel étaient intrigants avec de belles couleurs psychédéliques se mêlant parfaitement avec l’ambiance moderne et les robots parcourant les couloirs.

Mais cet effet enchanteur se dissipe rapidement en faisant la connaissance du couple Tae Yi x Min Hyuk alors qu’on est censés être curieux de découvrir ce duo. Ces derniers nous expliquent la naissance du projet Alice, la réalité et les conséquences du voyage dans le temps, le livre de la prophétie… C’est une approche frontale et simpliste, supposée nous impressionner et nous tenir en haleine pour la suite. Le style sbs est reconnaissable, la cinématographie comme dit plus haut est de bonne qualité mais elle n’a pas vraiment d’identité visuelle. Les effets spéciaux sont cheap, (un supplice pour les yeux), de même pour les cascades et les bagarres, d’ailleurs Joo Won n’était pas du tout crédible.  

Et pour cause : la direction des acteurs a été mal menée, le réalisateur est resté sur ses acquis sans prendre de risques. A autant vouloir nous en mettre plein la vue avec des ‘’scènes spectaculaires’’, un détail essentiel a été oublié. C’est le manque de profondeur pour les personnages et ça se ressent dans le jeu. Comment croire à leurs histoires, leurs pensées et les troubles qui les assaillent, comment s’attacher à eux ?

Le choix des musiques est une bonne surprise, on a le droit à de belles ost. Le problème, c’est que certaines renforcent le côté romantique pour les scènes entre Tae Yi (2020) et le héros. En ce qui concerne l’épisode 12, ça devient carrément exagéré pour l’utilisation des musiques dramatiques, j’ai passé mon temps à rire au lieu de pleurer (sauf le moment avec Do Yeon qui m’a émue…).

L’écriture, quand les champignons passent à l’attaque

Quand le drama était sur le point de s’achever, j’ai rédigé ce tweet :

« L’auteur d’Alice, c’est la réincarnation de la Chenille et il a reçu un coup de maillet sur la tête, c’est pas possible d’écrire un truc aussi grotesque (tête de mort). Il avait des bonnes idées mais une partie a du s’évaporer avec la fumée. Ou alors, il a avalé son thé de travers et écrit ce script en délirant… ».

Je n’ai pas eu cette impression dès le début mais plus le drama avançait, plus j’étais convaincue que l’auteur avait ingéré des champignons hallucinogènes. Sinon comment expliquer qu’une série de sf et d’action se soit transformée en une comédie prévisible bourrée de sous entendus misogynes et dépourvue de sens?

·         Une oasis futuriste au cœur du monde des merveilles : Si on met la réalisation de côté, Alice nous a fait miroiter un développement intelligent et des personnages intéressants mais en vain. Pourtant la série avait un atout scénaristique indéniable: le futur, synonyme de progrès et d’espoir.

 L’hôtel Alice accueille des clients pour leur donner la chance de voyager dans le temps, à une période où ils désirent se rendre sous certaines conditions. A sa tête, un homme semble diriger cette organisation pour le compte des quartiers généraux de cette dernière, avec l’aide de nombreux subalternes. Deux agents se démarquent plus que les autres: Yoo Min Hyuk homme de terrain et décisionnaire ainsi que Oh Shi Young travaillant à la base, en tant que superviseur et attachée à la surveillance des voyages dans le présent. 

Les épisodes 2,3 et 4 se focalisent sur deux clients et c’est bien un des seuls moments où l’action n’était pas encore essentiellement focalisée sur les deux acteurs principaux.

On découvre par quel biais les clients peuvent revenir dans le passé, quelles sont leurs motivations, que le voyage dans le temps n’est pas toujours utilisé à bon escient et que les bonnes intentions d’Alice vont être mis à mal. 

Cette partie avait un potentiel fantastique et a été réduite à néant, sans aucune explication, c’est une des plus grandes incohérences de ce drama.

A travers les citations des épisodes mentionnés et des destinées de ces deux clients, je voudrais essayer de vous montrer comment ces bonnes idées ont été gâchées.

Le 1er client est un jeune homme ayant assassiné son grand frère parce qu’il le battait étant plus jeune. Il voulait seulement le frapper mais la rage l’a emporté. Il est ramené dans le futur où on l’accuse d’avoir enfreint une des règles du voyage dans le temps : celle de ne pas commettre de meurtre. Le jeune ne comprend pas la gravité de son geste et se sent supérieur aux personnes du présent, il pense qu’il est invincible grâce à ce pouvoir.

Min Hyuk le rappelle à l’ordre avec cette phrase « Alice a été crée afin de soigner les blessures du passé ». Elle illustre parfaitement l’idéal que représente Alice mais la citation du deuxième épisode montre que la réalité est bien plus dangereuse :

« Science is like a sharp tool ; for if you play with it like a child would, you might cut yourself »

Les scientifiques ne doivent pas se prendre pour des magiciens même s’ils sont capables d’accomplir des « miracles », la science aussi extraordinaire qu’elle puisse paraître, peut être dangereuse si elle est entre de mauvaises mains. On peut s’interroger sur les avancées de la science, qu’est ce qu’elle apporte et engendre, les conséquences et les dérives…

Tout changement entraîne un sacrifice, tout se paie.

Quels sacrifices peut-on donc faire pour protéger un idéal ? C’est ce que l’on verra tout au long de ce drama puisque le sacrifice est le cœur de cette série.

Le jeune homme ne retiendra pas la leçon et reviendra se venger de Jin Gyeom dans le présent. Blessé, il sera à son tour liquidé à l’hôpital par Min Hyuk. Jusqu’au bout, il aura été seul sans personne à ses côtés, ni même le temps. Ce n’était pas une bonne personne certes mais il n’avait plus que ce miracle pour continuer à vivre et le priver de cet espoir l’a mené à sa perte. 

Le sort du 2e client est différent mais tout aussi tragique : une mère ayant perdu sa fille Eun Soo, revient dans le passé quand cette dernière est enfant et l’enlève pour la protéger. Elle sera également ramenée dans le futur et bannie du voyage dans le temps. En étant reconduite au tunnel (wormhole) entre les deux temporalités, le chauffeur est assassiné par un personnage mystérieux. Ce dernier va amener la mère auprès de sa fille, elle va tuer son alter ego de 2020 et n’en mourra pas (paradoxe temporel), pour prendre sa place et prendre soin de Eun Soo. Comme elle voyage de façon illégale, elle et sa fille vont avoir une forme d’eczéma sévère. Eun Soo aura une forte fièvre et sera recouverte de ces marques. L’homme qui les a aidés administrera le remède à la petite fille pour la sauver. Mais il est tué à son tour sans explication.

Cette situation ne pouvait pas durer indéfiniment. En se sacrifiant elle-même, elle doit renoncer à sa fille et est de nouveau renvoyée dans le futur, c’est le prix à payer. Elle pensait bien faire et était prête à tout pour son enfant. La magie l’a aveuglé comme en témoigne la citation du premier épisode :

« Toute technologie suffisamment avancée est indiscernable (qui ne peut être repéré, distingué) de la magie. » Arthur Clarke.

L’effet produit par la technologie peut faire penser à la magie tant le résultat est extraordinaire. (C’est devenu tellement avancé que cela donne l’impression d’être de la magie. Il est donc difficile voir impossible de les distinguer.)

La magie est généralement associée à l’impossible mais l’auteur lui croyait au contraire que tout était possible. Quand on ne sait pas comment fonctionne un objet ou un concept parce que cela va au-delà de notre compréhension ou de notre imagination, il est logique de penser à de la magie.

Ce qui est immonde dans cette série, c’est que les citations avaient une importance capitale et il les a simplement utilisées pour orchestrer un bain de sang, sans aucune logique, ni véritable morale. Les citations étaient juste là pour faire joli et ces personnages non manichéens méritaient un sort moins cruel. 

Ce n’était que des pions pour laisser la place au duo Tae Yi et Jin Gyeom, sans avoir aucune intention de donner un sens à leur histoire personnelle. 

Eun Soo, même si elle n’est pas l’enfant de la prophétie, était un élément essentiel avec le broker (personnage mystérieux). Dans Alice, il y a plusieurs temporalités: une où Eun Soo meurt en tant que jeune adulte et une autre où elle vit en tant qu’enfant. Je pense que sa mère aurait dû revenir quelque temps avant que sa fille ne parte pour les Etats Unis et tenter de la prévenir de sa mort. Eun Soo pourrait donc se prévenir elle-même du futur danger. Mais c’est une vision utopiste car entendre qu’on va mourir, peu importe l’âge qu’on a, est difficile à envisager. 2eme hypothèse: Eun Soo du futur ne croit pas sa mère mais finalement décide d’aller dans le passé. La tragédie a déjà eu lieu et son futur est donc impacté. En revanche, elle pourrait peut être arriver à temps pour sauver le broker de sa mort inexpliquée et former une alliance avec lui. 

On sait d’ailleurs peu de choses sur le broker: comment il est rentré en contact avec la mère de Eun Soo, quel autre chemin emprunte il pour faire la jonction entre les différentes timelines et avec quel moyen (supposément une carte comme les autres voyageurs)… 

C’est de loin le personnage le plus intéressant de la série, ni gentil ni méchant, il vient en aide aux voyageurs fugitifs en échange de leur silence sur son identité. Si ces derniers n’obtempèrent pas, il fait pression en les menaçant. Paradoxalement, il soigne Eun Soo sans se poser de questions. Il agit de cette façon, non pas pour se protéger lui mais plutôt pour une autre organisation dont il fait parti. Cette dernière est peut être aussi à la recherche du livre de la prophétie et contre les agissements d’Alice.

Le meilleur ❤

Quand Min Hyuk l’attrape, il reconnaît le broker et l’appelle ‘’le petit rat’’. Ce n’est donc pas la première fois qu’ils se croisent et le jeune homme va lui aussi mourir à l’issue de cette rencontre. Ca aurait été tellement badass qu’il forme une équipe avec Eun Soo et qu’on découvre d’autres voyageurs illégaux cherchant à s’élever contre le système. 

Mais la réalité n’est que bain de sang et bonnes idées gâchées à l’infini. 

  • Derrière l’idéal, se cache des desseins sombres: Plusieurs employés ont été tués pendant ces péripéties et ça n’a pas l’air d’émouvoir qui que ce soit, sauf Min Hyuk. La vie continue son court et on voit très vite que ni lui ni Oh Shi Young n’ont d’estime pour leurs clients. Elle les trouve pathétiques et Min Hyuk prétend que Alice a été créée avec de bonnes intentions, se plaint des conséquences mais fait parti du problème. Il n’a aucune considération pour les personnes désespérées du futur. Quant au patron de l’organisation, il n’est pas celui que l’on croit et sera prêt à tout pour obtenir le livre de la prophétie. Ce dernier détiendrait la réponse pour mettre fin au voyage dans le temps, ce qui n’arrangerait pas les projets du chef qui veut toujours plus de pouvoir et de contrôle.  

Quand j’ai vu ce qu’il y avait sur la dernière page, c’était si prévisible, la série aurait pu être terminée en un épisode. Tous ces prétendus plot twists n’avaient rien d’incroyable, (ce qui montre la faiblesse de ce récit) et j’ai passé mon temps à ricaner.

Mais avant de vous révéler ce petit secret qui va culpabiliser une certaine partie de la population, intéressons-nous au développement du voyage dans le temps et de notre duo. 

  • Game over: L’évènement le plus récurrent et qui rassemble le futur et le présent, c’est l’assassinat de la mère de Jin Gyeom. Des l’épisode 5, jusqu’à la fin, aura lieu une succession de voyage dans le temps pour JG et Tae Yi de 2020. A chaque fois, la mère décède, peu importe leurs efforts pour la sauver. Tout simplement parce qu’ils font sans cesse les mêmes erreurs: ils mettent en danger les autres et prennent des décisions stupides. Et se balader dans des univers parallèles ne peut pas résoudre la situation car Alice est une boucle temporelle. J’ai eu la conviction que c’était le cas en repensant aux références au conte des merveilles: c’est un monde absurde où la Reine répète souvent cette phrase ‘’Qu’on lui coupe la tête!”. Alice doit trouver un moyen d’échapper à chaque fois à la fureur de cette dernière et y arrive en finissant par se réveiller. 
  • Si aucun personnage ne sait que c’est une boucle et passent leur temps à se promener en agissant de façon illogique, aucune chance de parvenir à leurs fins, c’est un cauchemar qui se répètera encore et encore. 
  • Il aurait été également judicieux (même si on peut les inclure dans la boucle) de ne pas mélanger le multivers, les univers parallèles, les paradoxes temporels, l’effet papillon, le chat de Schrödinger, les principes de la physique en même temps. A part abandonner la science, aboutir à un massacre et à une relation incestueuse, ce n’était pas (vraiment) nécessaire. La série, en plus de n’avoir aucune identité visuelle marquante, s’est détourné de son message initial.

  • Enfant de la prophétie:

Jin Gyeom a été recueilli après la mort de sa mère par un policier et sa femme, ce dernier l’avait accusé précédemment d’un crime qu’il n’a pas commis. Après plusieurs voyages dans le temps et de temps passé avec Tae Yi 2020, ils comprennent petit à petit qu’il est celui qui pourra mettre fin au voyage dans le temps. « The moment she reunites with her child, her child will gain control over time ». 

[Cette phrase est perturbante parce que Tae Yi n’est pas sa mère mais c’est elle, qui dans le futur, va inventer le voyage dans le temps. Elle va sauver sa version enfant en 1992 puis accoucher de JG. Ce dernier aura un lien romantique avec sa version du présent, c’est tordu. L’explication donc pour éviter l’inceste, c’est qu’elles viennent de deux dimensions différentes mais la ressemblance est très génante, leur lien tout court d’ailleurs.] > Signe dans le cou Omega car elle veut mettre fin au voyage dans le temps. 

En s’alliant, ils vont découvrir que Tae Yi est la fille du professeur assassiné et qu’il existe plusieurs brokers. Sur leur chemin, ils feront face à plusieurs personnalités comme le père adoptif de JG, le professeur Seok Oh Won qui est de mèche avec le boss d’Alice (Team Sigma= veulent poursuivre le voyage dans le temps) et éliminant quiconque se dresse en travers de son chemin. 

Mais ils ne sont pas au bout de leurs surprises quand ils savent qui est le meurtrier de la mère de JG: c’est la version du futur de JG et il s’avère qu’il est le seul à pouvoir véritablement contrôler le temps. 

Au début, je pensais que ce personnage serait le Temps: dans le conte, le Temps est un personnage à part entière qui a puni le Chapelier et ses amis. Ils doivent rester immobiles à l’heure du thé (6pm, c’est pour ça qu’ils boivent du thé toute la journée). Je me disais aussi que JG était piégé (comme Alice) dans son propre rêve (mondes parallèles) parce que le Temps continue de le torturer. 

Mais…

Le futur JG s’amuse pour une raison ridicule (men are trash) à manipuler le jeune JG à travers différentes dimensions, pour s’assurer que la mère soit assassinée à chaque fois.

[J’espérais que le scénariste ne ferait pas cette fin parce qu’il faut une sacrée dose d’audace (et de champignons dans les veines) pour écrire quelque chose d’aussi insipide et peu original. Surtout quand on se base sur un auteur qui a littéralement créé ses propres codes en matière de SF ?! ]

“Murderer and destroyer of all 

Time is often described as the ruler over everything, for time cannot be seen, yet creates and evolves all.”

Park Jin Gyeom est donc l’enfant qui peut contrôler le temps, sa mère est celle ayant ouvert la porte vers le monde interdit. Et cet acte serait, selon le futur JG, la raison de ses actes meurtriers, de sa monstruosité. J’ai failli m’étouffer tellement c’était…ridicule? C’est tout?

Et c’est là que nous arrivons au point crucial: la haine des femmes.

La dernière page explique que la seule façon pour mettre fin au voyage dans le temps est que la mère soit tuée. Elle est étouffée par un serpent, c’est son châtiment pour avoir ouvert la porte et le miroir du temps représenté quelques pages plus tôt, a été brisé. Le serpent me fait penser à la punition qu’à subi Eve et au Jabberwocky. Une épée est également utilisée dans le drama comme la Vorpale dans le conte des merveilles. 

Les femmes sont et doivent toujours se sacrifier pour le bien des autres.

Si les hommes sont dotés d’une écriture minable, coincés dans des rôles, où seul la gente masculine peut faire face avec un comportement très “viril”, les femmes n’ont pas subi un meilleur traitement. On est passées de femmes sachant se battre, étant indépendantes, ayant des responsabilités à des querelles et rivalités entre elles, à des femmes sacrifiées, n’existant que pour le héros… Peu d’importance et de considération sont données aux femmes, le traitement de ces dernières dans les dramas coréens ne m’avait pas manqué.

Une des phrases qui atteste le mieux de cette situation, c’est celle que Do Yeon assène à Jin Gyeom. C’était à propos de la ressemblance physique entre Tae Yi et sa mère.

« But she’s a Physics professor. Your mother was just an ordinary woman « 

C’est une phrase plutôt violente, pleine de jugement. Les femmes ordinaires doivent se cantonner à ne pas faire de vagues et ne pas rêver à l’extraordinaire. Comme si elles étaient moins intelligentes (alors qu’elle peut résoudre des équations d’un haut niveau), comme si elles ne valaient rien. Pas de couleurs dans leur vie, comme si elles devaient baisser leur tête et rester agréables, à leur place, complètement passives. Elle n’a pas le droit d’être apprêtée ou de sortir avec quelqu’un. Les diplômes ne font pas tout. Avoir un sale caractère ne veut pas dire qu’on est une femme forte. Et Sun Young était loin d’être ordinaire.

Objectification des femmes et vision patriarcale : Do Yeon pour espérer attirer le héros doit se déshabiller car les hommes ne penseraient qu’au sexe, prof Tae Yi commencerait visiblement à être vieille et devrait donc penser à se marier. Elle pense également qu’une femme et un homme qui ne sont pas mariés ne peuvent pas vivre ensemble, ce ne serait pas convenable.

En parlant de Tae Yi (2020) et Do Yeon, elles sont toujours en conflit et redoublent d’efforts pour attirer son attention alors qu’elles pourraient faire la paix et s’allier.                         

Malgré leurs désaccords, jusqu’à l’épisode 8, les compétences d’investigation de Do Yeon et scientifiques de Tae Yi sont mises en avant et c’est passionnant de les suivre. 

Une autre femme, Oh Shi Young, n’a pas franchement été respectée. On n’apprend que son nom lors de l’épisode 8 (je la surnommais la Commandante) alors qu’elle a des responsabilités importantes en ce qui concerne le voyage dans le temps. Mais l’auteur va la transformer en femme rongée par lla jalousie puisqu’elle est amoureuse de Min Hyuk. Elle sera assassinée comme si son existence n’avait jamais compté alors qu’elle s’était tant investie pour Alice. 

3 femmes indépendantes, une journaliste maligne- une scientifique de génie- une coordinatrice et agent d’Alice réduites à des créatures inférieures et sacrifiées à cause de la misogynie. Imaginez si elles avaient formé une équipe secrète et travaillé avec le broker + Eun Soo?! Ca c’est du plot twist!  

Je vais conclure cette critique avec un résumé des incohérences parce que la fin est terriblement tordue et gênante: 

On ne connaît pas l’équipe complète de recherche pour la création et mise en place du voyage dans le temps (à part Tae Yi, Oh Seok Won et Moon Seo Jin, cette dernière a été assassinée par un des brokers).

On ne voit jamais le boss d’Alice, Oh Shi Young et Min Hyuk plus jeunes, comme s’ils n’existaient pas dans le passé.

Si c’est bien une boucle temporelle, pourquoi personne n’est courant?

Les signes dans le cou (sigma et omega) sont peu abordés malgré un sens important.

A propos de la maladie qui touche les voyageurs du temps illégaux, le remède existe mais on n’a pas le droit à plus d’explications que cela.

Le jeune broker est certainement la mort la plus expéditive et la plus illogique. Il a également emprunté une autre route pour aller dans le présent, est ce celle de 1992 comme le tueur du père de Tae Yi ou c’est totalement autre chose?

Plusieurs plans avec les miroirs étaient réussis mais cela a été encore une fois peu exploité au niveau de l’intrigue, de la symbolique et de la réalisation, dommage.

Plusieurs notions bien que très pertinentes ont été mélangées et c’est une catastrophe car elles ont des effets différents. 

Et je pourrai continuer longtemps comme ça… Alors faites attention à votre consommation de champignons et pensez à boire du thé avec modération! 

Sources

Korean__Dramas sur twitter: discussions à propos du temps et signification des signes omega et sigma.

Wikipédia et revues anglophones, forums

2 réflexions au sujet de “Alice ou une histoire partie à la dérive à travers l’Espace- temps”

  1. J’avais vu ton tweet passer sur ma TL et j’ai cliqué par curiosité parce que Alice est dans ma liste des dramas à voir. Bien qu’on ne se connaisse pas, je me permets de laisser un commentaire sous cet article. Mais dis-moi, c’est si incohérent que ça ? Ça me fait presque peur ce script. Je suis une fan de tout ce qui est sci-fi, et la dose du conte d’Alice m’avait tellement intriguée mais là je pense à revoir ma décision. 😂 Et le développement entre Tae Yi et JG se développe-t-elle vraiment en une relation amoureuse ? Est-elle explicitement exprimée ? Sinon je sais que chacun doit faire son propre avis mais je suis déjà déçu par ce drama d’autant plus que ça répète la même erreur que bcp de dramas que j’ai vu ont déjà faite : bonnes idées originales mais horriblement exécutées. Je ne sais plus si je veux le voir mais on verra si j’ai le temps.

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    1. Je t’en prie, ça me fait toujours plaisir de pouvoir échanger 🙂 Les références aux merveilles disparaissent assez vite, ça fait parti des incohérences malheureusement.
      Ce n’est pas dit clairement mais en plus de la rivalité avec Do Yeon qui aime le héros, tout au long du drama, elle finit par ne plus se rebeller contre lui et multiplier les petites attentions envers lui (beaucoup de clichés vu à Dramaland mdr)
      Et lui qui est censé ne rien ressentir, a des émotions déclenchées en partie grâce à Tae Yi. La fin est gênante, ça laisse supposer une possibilité de romance et la ressemblance exacte avec la mère, quel malaise… Mais tu as raison, ce n’est pas explicite.
      Je comprends et c’est exactement ça : du potentiel mais mal exécuté. Bon courage si tu décides de le voir !

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