En décembre dernier, j’ai entendu parler de JFF+ Independent Cinema par le biais d’un compte que je suivais sur twitter. Grâce à cela, j’ai pu visionner cinq films gratuitement et avec des sous-titres anglais (l’espagnol est également disponible!) sur leur site internet.
JFF+ Independent Cinema, lancé par la Japan Foundation, est un nouveau programme de diffusion de films gratuit en ligne.
Ce dernier va présenter 12 films indépendants : la première moitié du 15 décembre au 15 mars et la seconde, du 15 mars au 15 juin 2023. Ils ont été choisis par les équipes de cinémas japonais indépendants, également appelés « mini theaters« .
En plus de cette chance et des interviews des réalisateurs/scénaristes/acteurs, le site est rempli d’informations très intéressantes, n’hésitez pas à y jeter un coup d’œil!
Passons donc aux avis de ces cinq premiers films ~
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1 – Double Layered Town / Making a Song to Replace Our Positions

Résumé : Un documentaire à propos d’une équipe de jeunes, enregistrant les souvenirs d’une ville touchée par un tremblement de terre important.
Une déclaration emplie de poésie adressée à la ville, à la beauté des paysages et de la nature qui est restée fidèle à elle-même malgré le désastre, à ses habitants; ceux qui sont restés et ceux qui ont été emportés.
Une bande de quatre jeunes venus écouter les survivants du 11 mars 2011 : des personnes aimant sincèrement leur ville et ayant besoin d’une opportunité pour arriver à raconter leur histoire et celles de leurs proches disparus.
Leurs sentiments, leurs expériences et leurs souvenirs (ce qu’ils souhaitent garder ou oublier) concernant la catastrophe, ce que ça a changé chez eux et les conséquences sur le long terme.
Comme les jeunes, la plupart des spectateurs n’y étaient pas, ce qui rend l’approche de ce documentaire intéressant. Leur parole va permettre la transmission des histoires des survivants : relater au monde qui sont ces personnes et leurs sentiments, malgré la difficulté de tout relater et expliquer comme l’ont fait les habitants.
2 – hottamaru days

Résumé : Un fantastique et joli poème visuel concernant des esprits joyeux résidant dans une maison.
Ce court métrage nous plonge dans le quotidien d’êtres facétieux et très curieux, vivant dans la maison de Satoko, une humaine.
Elles récupèrent ce qui provient du corps de Satoko (cheveux, ongles…) et considèrent ces trouvailles comme des trésors. La maison va devenir leur terrain de jeu et cette chasse pour ce butin précieux les amènera à rencontrer une créature comme elle. A la différence que cette demoiselle (Water Woman) vit dans l’eau et masque un désir très fort au fond d’elle même…
Cette histoire est racontée par le biais de leurs danses et des sons qu’elles produisent.
Les sons m’ont justement mis mal à l’aise : très prenants et stimulants, j’avais l’impression d’être écrasée et submergée. C’était assez proche de l’horreur et violent, par exemple quand elles tirent ou arrachent des tissus sur la peau de Satoko …
En revanche, j’ai adoré la scène de danse à la fin qui devient de plus en plus intense, celles dans l’eau qui sont tout simplement sublimes, la beauté et l’originalité de la mise en scène et de la réalisation, le jeu du personnage fascinant qu’est la dernière fée …
3 – Wonderwall

Résumé : Une comédie dramatique qui dépeint le conflit entre les étudiants et leur université à propos de la sauvegarde de leur dortoir.
Le dortoir Konoe à Kyoto, le dortoir le plus ancien du Japon, est géré par les étudiants eux-mêmes. Ces derniers se battent depuis plusieurs années contre l’administration pour préserver ce patrimoine mais un mur bloque toute communication. [J’ai beaucoup aimé les références aux murs construits pendant l’Histoire; celui de l’université montrait à quel point il était froid et empêchait les étudiants de pouvoir échanger avec l’administration].
Chaque promotion enseigne aux futures générations l’art de la négociation, comment s’impliquer dans l’activisme étudiant, transmet cette mentalité pour qu’elles effectuent plus tard le même travail et conservent ce sentiment de liberté et de fierté.
Ce sont des individus particuliers qui acceptent l’étrangeté des autres sans difficultés et se respectent mutuellement. Ils ont tous une raison différente qui les a poussé à venir s’installer dans ce dortoir et je les ai trouvé admirables.
Malgré des désaccords et le désespoir qui les envahit, ils vont continuer à avancer et à se battre ensemble pour que le dortoir reste leur lumière au bout du tunnel, leur refuge, leur espoir.
Le passage avec l’orchestre et ce casting merveilleux m’a beaucoup touché, j’ai fini par éclater en sanglots quelques heures plus tard. C’était tellement dur de savoir que cette lumière ne brillera plus jamais au fond de ce chemin et que ce temps, tous ces souvenirs seraient détruits…

Résumé : Un voisin meurt quand des fleurs en pots tombent d’un balcon d’un immeuble. Un homme dont le père souffre de démence commence à se demander si c’était vraiment un accident.
Aussi frustrant que la lâcheté du héros, aussi pénible que la douleur de ceux qui sont en vie.
Mais la nature humaine étant ce qu’elle est, j’ai continué.
La deuxième partie s’est révélée plus intéressante et même si j’aurais aimé que la colère éclate plus, la réalisation l’a mise en scène de façon très intelligente. De même pour le chagrin du garçon avec la pluie tombant sur la cravate et la mère ne pouvant s’exprimer que dans l’ascenseur.
Les sous entendus, les conflits intérieurs et le jeu de l’enfant étaient bien maîtrisés et impressionnants à observer…
5 – Leaving on the 15th Spring

Résumé : Une histoire du passage à l’âge adulte d’une jeune fille et de son cheminement émotionnel, qui quitte l’île magnifique et isolée d’où elle vient.
Ce film aura 10 ans le 26 avril prochain et on ne les sent pas du tout, c’était génial!!!
Une mélodie chargée d’amour et de réconfort adressée à cette île et ses habitants, rythmée par les sanshin et les voix des Borojino Girls.
Par le biais de la musique, plusieurs sujets ont été abordés comme le dépeuplement, les traditions de l’île, les aspirations des enfants et adolescents, ce que ressentent ceux qui restent sur l’île et ceux qui sont partis accompagner les enfants. Ces derniers justement, doivent se préparer à découvrir un nouveau quotidien et dire au revoir à l’endroit où ils ont vécu les quinze premières années de leur vie.
Choisir Miyoshi Ayaka pour jouer cette jeune fille luttant contre certains problèmes et déceptions, fut une merveilleuse idée. Elle a été très convaincante, autant dans son interprétation que dans sa pratique du sanshin.
D’ailleurs, tout le casting était talentueux et ils m’ont beaucoup touché, je pense particulièrement à la scène d’introduction qui rejoint la scène finale… Sans parler des magnifiques costumes traditionnels et leurs superbes couleurs 💚.
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Malgré le fait que je n’ai pas pu visionné le sixième projet (Dryads in a Snow Valley), ça me servira de leçon pour la seconde moitié qui arrive aujourd’hui… La première m’a fasciné alors j’ai très très hâte!
J’espère que cet article vous aura plu et à bientôt pour de nouvelles aventures dramatesques!