Une œuvre occupant toujours mes pensées et qui n’est pas prête d’en repartir.
Cela faisait presque un an que je n’avais pas écrit de critiques (à l’exception des premières impressions) et je pense que i stories était le choix parfait pour revenir.

C’est une mini-série queer de 4 épisodes, avec un format allant de 14 à 20 minutes. Elle m’a beaucoup marquée (deux lettres en particulier) parce qu’il y avait peu de représentations aussi différentes dans un même projet à ce moment-là.
Diffusée du 23 mai au 13 juin 2018, chaque épisode a été dirigé par un réalisateur différent (Pong Thitipong pour T, Peung Salinee pour B, Boss Naruebet pour G, Bazz Nattawut et Khamkwan Duangmanee pour L), écrit par Boss Naruebet ainsi que Wan Wanwaew et Claire Jirassaya.
T – B – G et L sont disponibles sur la chaîne youtube de ISM Entertainment mais si L est bloqué à cause de l’âge, ce lien sur facebook marche normalement très bien 😊.

i STORIES raconte les histoires indépendantes d’une femme transgenre, d’une femme bisexuelle, d’un homme gay et d’une lesbienne, partageant tous le même nom “i”.
4 i(dentités) ayant emprunté d’autres routes
A travers un partenariat avec les motos Honda, 4 personnages vont partir à la recherche de qui ils sont vraiment, de quelque chose ou de quelqu’un qu’ils ne connaissent pas encore.
Libres, ils vont explorer leurs sentiments pour mieux les comprendre et en apprendre plus sur leur orientation sexuelle. Choisir un nouveau chemin même si ça signifie de s’éloigner de celui qui est jugé “normal”. Aimer un peu, beaucoup, à la folie. Etre heureux, laissant de côté les larmes, les doutes et la douleur.

Transgenre : Les personnes trans ou transgenres sont celles dont le genre (homme/femme) assigné à la naissance sur la base des organes génitaux externes (pénis/vulve) ne correspond pas à leur identité de genre.
T (Bombay Pittinan) : Une jeune femme transgenre (plus précisément Katoey) va effectuer un pèlerinage sur les traces de son scooter volé mais surtout pour trouver un sens à sa vie. Pendant ce voyage, elle verra qu’elle mérite d’être mieux traitée, aimée et qu’elle seule maîtrise son destin. Personne n’a le droit de lui faire du mal et rien ne justifie ces souffrances.

Bisexualité : Orientation sexuelle des personnes qui éprouvent de l’attirance émotionnelle, physique et/ou sexuelle aussi bien pour les femmes que pour les hommes.
B (Junkgo Chanokchon) : Une jeune femme bisexuelle file le parfait amour avec sa petite amie mais un homme sème la confusion dans son esprit. Elle en vient à se questionner sur son orientation sexuelle.

Gay : Homme qui est attiré émotionnellement, physiquement et/ou sexuellement par d’autres hommes.
G (Maew Kittikan) : Un groupe d’amis composé de 5 garçons gay, formé suite à une étonnante découverte et qui va mener à des évènements assez chaotiques.

Lesbienne : Femme qui est attirée émotionnellement, physiquement et/ou sexuellement par d’autres femmes.
L (Sirada Tanapeng) : Une jeune femme lesbienne, assistant producteur, aide l’actrice principale avec son script. Mais tout ne va pas se dérouler comme prévu…
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[spoilers + mention de viol]
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Représentations prises à la légère et choix questionnables…
Pour une série qui aborde les combats, les choix et les libertés de ces minorités, il est surprenant (non malheureusement) et pénible d’entendre certains propos ou de voir certaines actions à l’écran. Le tout souligné et amplifié par la direction des réalisateurs.
Je vais commencer par B qui a pour moi, le message le plus désastreux de ces quatre histoires.

La jeune femme embrasse un homme (Toni Rakkaen) dont elle vient de faire la connaissance, pendant que Bung son amoureuse (Kiw Anongnart), nage juste en face d’eux.

Ce qui va plonger “i” dans un état de confusion et de doute.
Le problème n’est pas qu’elle se sente perdue, ni que ce soit un inconnu. Mais bien le fait qu’elle trompe sa copine comme si c’était la chose la plus normale du monde!
Le stéréotype que les personnes bisexuelles ont plus de tentations donc vont facilement trahir leur partenaire, a la peau dure. Comme si il était impossible pour eux de rester fidèles.
Imaginez un peu la douleur qu’à dû ressentir la petite amie de “i”…

Elle s’amuse, elle nage et en remontant, elle voit sa copine avec cet inconnu en train de s’embrasser…
A partir de ce moment, malgré les belles couleurs et leur relation, j’ai été en colère jusqu’à la fin. Je comprends que la réalisatrice a souhaité mettre en avant plusieurs modèles familiaux mais ça n’efface pas cet échec de représentation pour la bisexualité.
Ensuite, passons à G. Honnêtement, à part cette amitié très fusionnelle entre cinq garçons gays et interprétés à merveille, je ne voyais pas où voulait en venir le réalisateur. La confusion règne toujours dans mon esprit et l’idée de départ pour ce segment n’a pas aidé. Un peu tiré par les cheveux et pas vraiment nécessaire pour écrire un bon scénario.
Mais pour en revenir à l’amitié qui unit ces garçons, les acteurs ont été incroyables et les dialogues étaient tantôt drôles, tantôt touchants.

Puis T. Elle m’a fait mal au cœur cette histoire, je ne m’attendais pas à cet évènement.
Avant de vous en parler, sachez que cette jeune femme attachante mérite le meilleur, vraiment elle est géniale! J’aurai pu l’écouter pendant des heures.

On l’a suit donc en train d’essayer de retrouver sa moto volée et sur son chemin, elle va rencontrer une connaissance, Deaw (interprété par Ben Benjamin), de son ancien lycée.

Ce dernier propose de l’aider et en acceptant, elle finira par y parvenir. Happy End, fin de l’histoire.
Malheureusement non.
Leur route en quête de cette moto m’a fait sourire plusieurs fois parce qu’il est plus attaché à elle qu’il ne veut bien l’avouer. Elle même le taquine, se moque mais l’aime beaucoup aussi.
Pourtant, cet équilibre ne va pas tenir longtemps. Avec des flashbacks, on apprend que pendant qu’ils étaient au lycée ensemble, elle a été violée lors d’une tournante. Il l’a vu être agressée et n’a rien fait, pensant qu’elle « aimait ce genre d’actes ».
Et puis on se rend compte que ce n’est pas une personne aussi sympathique que ça puisqu’il l’a mégenre en permanence (en utilisant son ancien nom). Il lui dit qu’elle n’est pas une vraie fille et n’accepte toujours pas d’être attiré par elle. Là aussi, il tient des propos insultants.
La culture du viol (concept sociologique utilisé pour qualifier un ensemble d’attitudes et de comportements partagés au sein d’une société donnée qui minimisent, normalisent voire encouragent le viol) est effrayante. A chaque fois qu’une œuvre thaïlandaise traite ce sujet, le stress m’envahit.
Pour moi, c’est une énième représentation qui culpabilise les victimes de ces violences sexuelles. Une torture vicieuse tout au long du chapitre et qui revient comme un boomerang la traumatiser et lui dire que c’est de sa faute.
J’en venais presque à me demander si le réalisateur ne s’en moquait pas, comme en témoigne le ton humoristique employé.
Aucune leçon n’est tirée de ces actes, aucun regret exprimé. La fin est plutôt « satisfaisante » pour l’héroïne mais bien trop douce pour les personnages comme Deaw, qui ont causé beaucoup trop de peine et de douleur.
… mais parfois accompagnés de jolies surprises
Bravo les lesbiennes!
C’est généralement la lettre la plus maltraitée de cet acronyme alors qu’elle mène la danse. Oubliée, presque effacée ou ridiculisée, L avait peu de chances d’être bien écrite.
Mais comme les femmes queer sont mises à l’honneur dans cette mini-série (3 histoires sur 4) et que Claire Jirassaya était en charge du script, il me restait un peu d’espoir.
Et j’ai bien fait de m’y accrocher parce que c’est littéralement le meilleur segment de ce drama!!!
L’introduction, sans la spoiler, était inattendue et j’aimerai bien un drama autour de cette dynamique. Elle montre également une alchimie et attraction immédiate entre les deux femmes (les deux actrices ont été très bien choisies et j’étais ravie que Thanaerng puisse expérimenter ce type de rôle).


Dans cette dernière partie, nous suivons une journée sur un tournage où “i” (Sirada Thanapeng) aide l’actrice principale (jouée par Thanaerng Kanyawee) pour répéter son texte.


Leur relation va éclore puis fleurir au rythme d’un documentaire sur la fécondation des fleurs (en bruit de fond pour ne pas les déranger tout comme la réalisation), baignée dans une douce lumière rosée et une ambiance intime.

Le baiser était magnifique, la scène si bien tournée, une œuvre d’art.
Les métaphores avec la moto et les parallèles ont été très bien utilisés, ça a rendu leur histoire encore plus belle.
Et on a le droit à une fin heureuse, certes ouverte mais heureuse! La métaphore employée m’a émue en voyant le déroulement de la scène finale, dommage que ça s’arrête à ce moment précis.

En plus de ce dénouement où deux femmes peuvent librement s’aimer, ce segment aborde le sujet des femmes exerçant dans un milieu strictement masculin. On voit que “i” a réussi à se faire une place et franchir plusieurs obstacles pour devenir assistante. L’actrice subit également des propos désagréables et est souvent infantilisée, peu respectée par le réalisateur et son équipe.
J’imagine souvent une suite où “i” vit avec son amoureuse et réalise un film avec cette dernière comme héroïne, le rêve 😍.
La c(i)nématographie et ses merveilleuses couleurs
La cinématographie de ces 3 premières scènes (T – B – L) est due à Koi Boonyanuch (Hormones 2, Project S : Skate our Souls, Bad Genius, One for the Road), merci à elle pour ce superbe travail! 💚




J’ai bien aimé la réalisation de G mais pour ce qui est des couleurs, c’était plutôt décevant malgré quelques essais de Bozo Nisha (Hormones 1 – 2 – 3, Project S : Side by Side, épisode 7 de Girl from Nowhere).
Petits détails (i)ntéressants et devinettes
On peut retrouver Thanaerng dans les 4 univers mais son personnage est différent à chaque fois : cela se voit avec la façon dont elle arrange ses cheveux et l’esthétique du nom pour le bar. Est ce que le nom vous paraît familier?




Un autre personnage est présent dans toutes les histoires, le trouverez-vous ? 😁
Conclusion
Une mini- série importante pour la diversité des représentations mais qui ne m’a pas totalement convaincue. J’en attends plus dans le futur et je sais que ça arrivera, même si ce ne sera pas forcément réussi à chaque fois.
Malgré une belle réalisation, les musiques étaient facilement oubliables, à part celles de L qui collaient parfaitement à l’histoire.
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Sources
https://en.m.wikipedia.org/wiki/Pilgrimage
https://www.sos-homophobie.org/informer/definitions/bisexualite
https://www.sos-homophobie.org/informer/definitions/gay
https://www.sos-homophobie.org/informer/definitions/lesbienne
Je te rejoins pleinement sur les sujets abordés dans ton article (la tromperie dans B, la culture du viol en Thaïlande…), à la fois on progresse et on en voit moins, mais on est encore loin de ne plus croiser ce genre de thèmes comme s’ils étaient normaux ou même un passage obligé. On a encore du chemin devant nous… 😕
Sinon, je donnerai sûrement une chance à L, merci pour ton avis ! ☺️
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Exactement, que ce soit dans les slap&kiss, les bl ou d’autres formats, on n’est pas épargné. Il y a eu du changement mais la plupart des dramas (notamment des chaînes comme CH3) perpétuent le massacre…
On va y arriver!
Super, j’espère qu’il te plaira! De rien 🌞
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